(1973)

Interprétation: Sydne Rome, Marcello Mastroianni, Hugh Griffith, Roman Polanski

Scénario: Gérard Brach, Roman Polanski

Musique: Claudio Gizzi

Réalisation: Roman Polanski

Une sculpturale jeune américaine, Nancy, manque de peu d'être violée en auto-stop. Elle se réfugie dans la villa d'un riche milliardaire, Joseph Noblart. Le gardien la prend pour une invitée et lui donne une chambre. Elle découvre peu à peu les différents occupants de la maison, lesquels ne semblent pas avoir d'autres choses à faire que manger, jouer au ping pong ou faire l'amour...

Les années passées en Italie, la préparation et la réalisation de What? ont représenté pour Polanski un intermède heureux de "dolce vita", et lui ont permis de renouer avec une vie normale. Le film reflète ainsi quelques aspects de sa vie personnelle après les crimes Manson: la fréquentation du jet set international (certains sont dans le film) et une certaine fuite vers la sexualité ludique. Depuis Macbeth, Polanski était poursuivi par l'idée de faire un film érotique basé sur la simplicité de la nudité. Le scénario devait à l'origine s'appeler Le Doigt Magique et être interprété par Jack Nicholson. Il s'agissait de raconter les fantaisies sexuelles d'un producteur en quête de distribution féminine. Le script est modifié, réécrit, et ainsi le producteur devient un milliardaire en chaise roulante, et la comédienne une hippie fofolle. Quoi? est une œuvre intéressante car Polanski y renoue avec ses tendances baroques et surréalistes. Ici, le récit est éclaté, chose très rare chez Polanski. Encore plus étonnante est cette fin, très opposée au goût de Polanski pour l'authenticité dans les films, où le personnage de Nancy parle du spectateur, et dit que tout ça "n'est qu'un film qui s'appelle Quoi?". Pourtant, c'est assez logique si on se positionne du point de vue que Polanski est aussi un homme de théâtre: l'adresse au spectateur est un procédé de distanciation qui s'attaque certes au réalisme, mais Roman Polanski, à la fois cinéaste et metteur en scène de théâtre, ne pouvait que s'intéresser tôt ou tard à son utilisation au cinéma. Il ne renouvellera jamais cette idée.

Sur le tournage avec Gérard Brach.